À
présent, nous allons étudier une nouvelle forme de martyre, apparue
majoritairement au XXème siècle, et où la seule caractéristique
qui diffère, est que dans ce cas, le martyre n'est pas religieux.
Nous débuterons en étudiant le portrait d'un célèbre martyr français, chef de la Résistance française. Durant la Seconde Guerre mondiale, alors que les Allemands occupaient la France, divisée à ce moment-là en deux parties, la zone libre et la zone occupée, la Résistance s'organisait autour d'un homme, Jean Moulin ( 1899 – 1943 ).
Photographie prise par son ami d'enfance
Marcel Bernard
Alors que le célèbre chef de la Résistance française se réunissait avec d'autres dirigeants à Caluire-et-Cuire ( près de Lyon ) le 21 juin 1943, il fut interpellé par la Gestapo et conduit au siège de celle-ci. Jean Moulin considérait les résistants comme des « troupes prêtes aux sacrifices les plus grands » ; et en effet, il en était prêt car comme le dit sa sœur : « son rôle est joué, et son calvaire commence. Bafoué, sauvagement frappé, la tête en sang, les organes éclatés, il atteint les limites de la souffrance humaine sans jamais trahir un seul secret, lui qui les savait tous ». Jean Moulin mourut après avoir consacré toutes ses forces à la République asservie. Nous reconnaissons cette souffrance qui est caractéristique des martyrs. Il souffrit, il mourut mais il vaincu, 70 ans après sa mort, il demeure l'« exemple d’indomptable courage, modèle rayonnant de sagesse et de cœur ».
De nos jours, nous continuons de commémorer sa mémoire ; le 19 décembre 1964, lors de son inhumation au Panthéon qui a pour vocation d'honorer de grands personnages ayant marqué l'histoire de France, le Premier ministre André Malraux délivra un discours pour rendre hommage à Jean Moulin. Ce jour-là, il rappela le silence du résistant malgré la torture : « Comprenons bien que, pendant les quelques jours où il pourrait encore parler ou écrire, le destin de la Résistance est suspendu au courage de cet homme. Comme le dit Monsieur Moulin, il savait tout ». « Chef de la Résistance martyrisé dans des caves hideuses », il vaincu l'occupant en gardant le silence. André Malraux incita également les jeunes de chaque génération à ne pas oublier cet homme, ses actes et son courage :
« Aujourd'hui, jeunesse, puisses-tu penser à cet homme comme tu aurais approché tes mains de sa pauvre face informe du dernier jour, de ses lèvres qui n'avaient pas parlé ; ce jour-là, elle était le visage de la France ».
Extrait du discours d'André Malraux lors du
transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon
Après avoir commandé la Résistance, après avoir été arrêté à Caluire, le héros devint martyr, sa mort intervenant après de longues heures de souffrance et ayant défendu sa cause jusqu'à son dernier soupir le 8 juillet 1943.
Au cours du XXème siècle, d'autres personnages devinrent des martyrs, le militant Steve Biko fut de ceux-ci.
Conceptualisée et introduite en Afrique du Sud en 1948, l'apartheid ( politique de ségrégation raciale en Afrique du Sud, conduite par la minorité blanche sur la majorité noire ) est fondée sur le développement séparé des populations, elle a entraîné divers massacres célèbres tels que le massacre de Soweto en 1976. En effet, des associations et des personnes combattaient l'apartheid comme par exemple la SASO ( South African Students Organisation ) ou encore la NUSAS ( National Union of South African Students ) dont faisait partie Steve Biko ( 1946 – 1977 ), un militant noir.
( Source : voir sitographie, Steve Biko, 1er lien )
En effet, Steve Biko, pendant des années, a combattu pour les droits de son peuple n'acceptant pas qu'une infime minorité de colons impose un système entier de valeurs aux peuples indigènes. Cet homme faisait donc partie de diverses associations qui luttaient contre l'apartheid, car, selon lui, les Noirs pouvaient se libérer eux même à condition de ne pas baisser les bras et se sentir inférieurs aux colons. Steve Biko est arrêté plusieurs fois suite à son idéologie anti-apartheid.
En 1973, Biko est détenu sous accusation de terrorisme, il est également banni mais aussi interdit de discours en public.
En 1976, suite à la détention de Steve Biko, des soulèvement se produisent dans les townships ( bidonvilles ), de plus, des écoliers se révoltent eux aussi, c'est à ce moment là que commence le massacre de Soweto, le 16 juin 1976 qui fera, à l'heure du bilan, au moins 575 morts.
Jeune écolier tué par la police lors du massacre
( Source : voir sitographie, Steve Biko, 2ème lien )
Steve Biko est arrêté le 18 août 1977, il est emmené à Port-Elizabeth où il est torturé ,en effet, il est violemment frappé mais aussi ouvert sur le visage. Il est ensuite transféré à Pretoria. Plusieurs versions concernant la mort de Steve Biko nous ont été transmises, en effet son décès est relativement suspect ; selon la police, Biko serait mort d'une grève de la faim, cependant, la version la plus probable serait qu'il ait succombé à ses blessures.
( Source : voir sitographie, Steve Biko, 1er lien )
Ces hommes ont combattu jusqu'à leur mort pour une cause qui n'était pas religieuse, mais qu'ils considéraient simplement, comme juste. Ce sont des martyrs dans la mesure où ils sont sortis victorieux de leur combat, ils sont morts après avoir subi d'indescriptibles violences mais en poursuivant le combat jusqu'à leur dernier souffle.
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